A la longue
On jouait autrefois en Provence à la “longue” appelée aussi jeu provençal avec des boules cloutées. A partir du rond, le pointeur faisait un pas et le tireur en faisait trois. On y joue toujours, dieu merci, avec des boules modernes, métalliques, mais la pétanque a pris le dessus par le nombre de joueurs, de concours et par la couverture médiatique.
Un peu d’histoire
Une des légendes dit que c’est à l’Arsenal de Toulon que la pétanque a été inventée. Dans les ateliers, les ouvriers manquaient de place pour jouer à la longue, ils avaient décidé que les joueurs ne sortiraient plus du rond et que la portée maximale serait de 10 mètres. La paresse des ouvriers de “la souarba” surnom de l’arsenal (le bois du sorbier ne travaille pas) était proverbiale.. et peut être imméritée, c’est un autre sujet. Le mot pétanque vient de “pèds tancats”, pieds immobiles. En français d’ici on disait “on va jouer à pétanque”.
Dans les concours par triplettes de mon enfance il y avait deux pointeurs et un tireur. Le jeu de la boule pointée était essentiel et demandait aux joueurs d’être adroits et malins. Un bon gaucher était souvent redouté par les adversaires.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui on défouraille chez les professionnels. J’ai regardé le Trophée l’Equipe des doublettes le 8 janvier sur la chaine 21. En 1/2 finale Madagascar a battu la Tunisie après qu’un joueur malgache ait fait 5 estanques (carreaux, la boule du tireur remplace la boule adverse) de suite.
En finale, la Thaïlande a battu Madagascar en réussissant un festival d’estanques et de palets (la boule du tireur enlève la boule adverse sans la remplacer, c’est le vocabulaire de mon village). On a tiré sur des boules situées à 2 mètres du bouchon. Notre pétanque devient un concours de tir. J’ai appris à l’issue de cette finale qu’il s’agissait de celle de 2018 ! A cette occasion, la doublette française était arrivée en 1/2 finale.
“boum puis badaboum”
Pétanque et rugby ont pris la même draille “boum puis badaboum”. Le contact a remplacé l’esprit d’initiative, la souplesse et l’imagination du joueur, la fluidité du jeu. Si j’étais président des fédés de ces sports, j’essayerais de changer des règles. Par exemple, contraindre une équipe qui dispose de six boules d’avoir le droit de n’en tirer que trois au maximum. On sera obligé d’y venir pour que la pétanque pro garde son attrait… mais dans 30 ans peut être. Pour l’intérêt de la pétanque, il faudrait que les amateurs et les professionnels continuent à pratiquer le même sport qui privilégie l’approche du bouchon par les boules.
André Abbe
Photos; boulipedia-france bleu-la pétanque-pinterest-rugby world cup.