Vous avez jusqu’au 8 août à Salindres (Gard) pour assister à une des dernières représentations de cette pièce de Lionnel Astier. La 120em avait lieu au Plan de Fontmort (Lozère), endroit symbolique par excellence où trois batailles entre camisards et troupes du roi s’étaient déroulées.
Rendez-vous avait été donné sur le plateau du col sur la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Atlantique, puis à la tombée de la nuit le public était invité à monter dans la forêt. Organisation immuable, dans une clairière sont tracés 4 chemins à l’aide de guirlandes lumineuses menant à un espace central. Les comédiens se meuvent à l’intérieur de ces guirlandes et les spectateurs autour assis par terre, les plus malins ont apporté leur siège pliable.
La mise en scène de Gilbert Rouvière, très efficace, permet aux 14 comédiens et à la dizaine de figurants d’enchainer les scènes sur ces cinq espaces, les périodes statiques succédant aux courses dans 8 directions. Le spectateur a ainsi l’impression de participer à la révolte des Camisards. Personnage central, une énorme lune éclaire la scène. On voit les mêmes au Nouvel An chinois. Le beau texte de Lionnel Astier (le père de Guenièvre dans Kaamelott qui fait encore mon régal grâce aux rediffusions) est un modèle d’équilibre.
Certes il est favorable aux protestants qui furent les victimes de cette chasse à l’homme mais il n’esquive pas les massacres perpétrés par les troupes qui suivaient Abraham Mazel et Samuel Bonnal. De même, dans le camp catholique le père Gabriel essaie de freiner l’ardeur assassine de l’abbé du Chayla. Astier n’est pas tombé dans le piège des bons contre les méchants. Les acteurs sont parfaits, on sent chacun d’entre eux habité par son rôle.
A la fin des 90′ du spectacle l’abbé du Chayla est mort assassiné, la guerre des Camisards peut commencer. Pour ne pas paraître trop élogieux, je ferai une critique. Tous les comédiens et comédiennes, à part les rôles de Bastide et d’Aguilhon, parlent pointu dans la pièce.
Le spectacle aurait beaucoup plus de force si le capitaine Escalier, le père Gabriel, l’hystérique frère Mathias et l’abbé du Chayla avaient l’accent du Nord et tous les autres personnages l’accent languedocien. Cet accent qu’ont encore les descendants des Camisards dans les villages et les villes de Lozère et du Gard.
André Abbe
voir lanuitdescamisards.fr pour en connaître les lieux et les dates
Représentation de la pièce “La nuit des Camisards”; theater in Provence