On peut évidemment, d’un simple coup d’œil, apprécier la beauté esthétique d’une photographie, d’un paysage ou d’un portrait, mais comment comprendre réellement ce qui nous est montré ? Comment faire sortir du silence ces inconnus, devant ces bâtiments aujourd’hui disparus, dans des situations que nous ne comprenons plus ?
La mémoire ne se limite pas au support, elle se transmet de génération en génération dans des interactions sociales que rien ne remplace. Si l’on peut la transcrire, elle est pourtant volatile, fragile et perdue à tout jamais lorsque se coupe la chaîne transgénérationnelle.
Ainsi, la moindre précision, le moindre indice, le moindre petit rien que l’on pensait insignifiant peut se révéler pièce manquante d’un puzzle qui prend soudain forme sous vos yeux.
On s’est par exemple longtemps demandé ce qui se tramait derrière la photo de ce mariage énigmatique, jusqu’à ce qu’elle soit dévoilée en 2012 lors de la première exposition Pas jamai vist. Là, une dame l’a vue et a pu lui rendre la parole : il s’agit en fait d’une pièce de théâtre d’Emile Barthe jouée à Béziers ou dans ses environs à la fin des années 1930… Le travail d’enquête peut alors commencer.
Rendre la parole à l’image : la chose peut paraître anodine, elle n’en demeure pas moins essentielle. Et à la portée de toutes et tous…“
Texte de Jordan Saïsset
Photo : Le CIRDOC-Institut occitan de cultura.